¤ CE QU'IL FAUDRAIT EVITER … - Mettre en doute la réalité des faits
de violence que relate la victime. La confiance accordée et ressentie
est une condition préalable indispensable pour que la personne reçue
s'exprime pleinement et que certaines confusions se dissipent dans le
cours de l'entretien.
- Considérer la personne violentée comme une
" victime-à-vie ", c'est-à-dire comme une personne incapable de s'en sortir, dépourvue de ressources psychologiques personnelles.
- Refuser l'entretien en réorientant vers une structure avant d'avoir pris le temps d'
écouter, d'entendre et de manifester compréhension et solidarité.
- Ne pas accorder la même importance aux violences subies dans un passé lointain et aux agressions récentes.
- Exprimer une pitié compatissante du genre :
"Ma pauvre amie, c'est terrible !" "C'est honteux" "Comment de telles choses peuvent- elles arriver ?" - Exprimer un jugement moral. Il faut éviter et, en règle générale,
bannir tout terme relevant de la morale notamment condamnant l'auteur des violences :
"cet homme est un bourreau", " votre mari est un grand pervers".
-
Au contraire il faut utiliser des termes de droit, nommer et
désigner les faits par la qualification que leur attribue le code pénal. - Enoncer un jugement condamnant l'agresseur mais il importe
de condamner CE QU'IL A FAIT, c'est-à-dire les actes, agissements qui ont porté atteinte à la femme violentée.
- Terminer l'entretien abruptement : il faut au contraire préparer et annoncer la fin du temps partagé.
- Omettre de prévoir une suite à ce moment de partage, l'attention
portée par autrui aux perspectives est un élément particulièrement
réparateur pour la victime.
¤ CE QU'IL FAUDRAIT FAIRE -
Exposer brièvement la
fonction et les
objectifs de l'instance qui accueille.
- Poser les
limites et les conditions de l'entretien et de l'intervention.
- Veiller à ce que la personne reçue
soit, et se sente, en sécurité pendant l'entretien.
-
Poser le repère de la loi : il s’agit d’une infraction, délit ou crime, une plainte a t-elle été déposée ? Qu’envisage-t-elle à ce propos ?
-
Ecouter avec considération et respect accepter et
croire ce que dit la personne (ce n'est pas toujours facile) prendre en
compte son évaluation des faits et ne pas réajuster à ses propres
normes, par exemple considérer comme mineures certaines formes
d'agression sexuelle (exhibitionnisme, masturbation, pornographie..) .
- Demander à la personne accueillie de
définir et formuler ses priorités dans sa demande d'aide.
-
Renseigner sur les lieux de prise en charge :
psychologique, sociale, judiciaire, médicale, ceci de façon
circonstanciée qui favorise la possibilité d'y recourir. Il ne suffit
pas de distribuer l'information elle est rarement assimilable telle
quelle. Il importe d'engager un échange sur l'opportunité de telle
démarche, sur son intérêt, sur le moment où elle peut devenir
réalisable.
-
Informer des procédures et recours possibles en
prenant garde à ne pas évincer le risque toujours présent d'une suite
judiciaire qui ne réponde pas aux aspirations de la victime. Replacer le
travail d'enquête policière et judiciaire dans le cadre général de la
loi en expliquant les processus d'instruction et d'enquête à charge et à
décharge.
- Rassurer, sans minimiser ni banaliser.
-
Nommer explicitement les formes de violence exercées, énoncer leur incrimination,
traduire en langage judiciaire :
c'est ce que la loi appelle séquestration, viol.. : une victime a des droits, elle peut les faire valoir en portant plainte. Qu’a-telle décidé à ce propos ?
- En cas d’absence de recours à la justice : analyser les
raisons pour lesquelles cette décision est prise, actuellement, inviter à la réflexion.
- Dans les situations de violence conjugale aider à repérer le cycle de la violence.
- Respecter les scénarios et plans de protection utilisés par la personne agressée.
-
Rendre à l'agresseur la responsabilité de ses actes : une victime n'est pas responsable de la violence exercée à son encontre. Démonter son mode opératoire et sa stratégie.
-
Terminer l'entretien sur des perspectives positives, ou du moins actives, et ne pas se quitter avant
que la personne reçue envisage l'avenir (même très proche) et non plus seulement les faits de violence subis.
Extrait de
www.cfcv.asso.fr